Raguénès est une
plage du Finistère. C'est là il y a bien longtemps qu'une larme,
glissa sur le flanc nu de l'espace puis tomba du ciel en silence sur
le bord de la terre et de la mer. Cette minuscule goutte d'eau,
pleine de cristaux de sel et d'ailleurs, désaltéra les craintes les
plus enfouies comme jamais ne l'avaient permis les écumes des
siècles et des simulacres. Le sable blond a pris alors la place des
sens obscurs et des miracles sans foi ni raison. Depuis, tout advient
et tout s'efface dans le roulis éternel de cet océan bleu. Même le
passé, sur les roches très hautes, est grignoté sans fin par le
vent éperdu, revenant affamé et furieux des horizons vulgaires.
L'homme est lui aussi venu de là, dans l'œuf sans coquille,
baignant d'abord dans cet œil aveugle, gonflé par des eaux
saumâtres et antiques. Et ce sont les autres hommes qui par la suite
lui ont donné un nom. Le ressac, lui, l'emporte sans le nommer, sans
l'appeler ni même le regretter. Il reste cette liqueur vermeille,
cet entre-deux éphémère et léger, parfait pour scintiller et se
désassembler à son tour sur les traces rêvées des morts.
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